Retour

Une coque Gorgee d'eau - traitement anti-osmose

La coque d'un DC20 récemment acheté en suisse présente des traces évidentes d'osmose. Philippe doit impérativement traiter la coque. De là est née l'idée de faire partager mon expérience en la matière.

L'osmose est la maladie du vieillissement du polyester. Des cloques se forment à la surface de la coque. Pour établir le diagnostic; c'est simple. Percez une cloque doucement au couteau. Un liquide un peu jaunâtre s'écoule de la cloque. Il sent le vinaigre. C'est l'osmose.

J'ai traité la coque de Plijadur en 2015. C'est beaucoup plus simple qu'il n'y paraît lorsque le mal est peu profond, ce qui est le plus souvent le cas.

Attention, les conseilleurs ne sont pas les payeurs. Certaines publicités font peur et certains propriétaires se laissent aller à des travaux quelques fois exagérés. J'ai observé le propriétaire d'un gros bateaux raboter au sens propre la coque de son bateau. C'était un vrai massacre. Je n'ai pas vu le résultat final mais je suis à peu près certain qu'il n'a pas pu retrouver la forme de sa coque et la glisse de celle-ci. Si vous utilisez un rabot pour un DC20, le résultat est garanti. Vous aller détruire votre coque épaisse de 4-5-6 mm seulement par endroit.

Depuis quelques temps, je trouvais que mon DC20 Plijadur s'alourdissait au fil de la saison. J'avais le sentiment qu'il se gorgeait d'eau. En fin de saison 2015, j'ai voulu en avoir le coeur net. A la mise à terre du bateau, j'ai emprunté le testeur d'humidité du chantier Caudard à Vannes pour mesurer le degré d''humidité de la coque (merci à Jean-Charles). Quelle ne fut pas ma surprise de constater que l'aiguille du testeur se positionnait sur le rouge vif pour tous les points testés sur la coque sous la ligne de flottaison. Le diagnostic de Jean-charles était sans appel. Ma coque était pleine d'eau. C'était assez incompréhensible car mon bateau est mis à terre chaque année de fin décembre à mi-mai et je n'avais pas de cloque apparante. Ci-dessous un testeur pro que vous pouvez louer ou emprunter comme je l'ai fait.

J'ai emprunté par acquis de conscience un autre petit testeur beaucoup plus basique (Il mesure le courant passant entre deux pointes +et -. L'eau est conductrice. Une coque humide transmet mieux le courant qu'une coque sèche. L'appareil mesure ce degré de conductivité. Vous trouverez à petits prix, ces petis testeurs dans les magasins de bricolage). Le résultat de ces mesures était le même. La coque de mon bateau était gorgée d'eau. Le diagnostic étant confirmé, je devais intervenir sans tarder.

J'ai cherché à comprendre le pourquoi et comment faire. Première hypothèse, la coque a été grattée dans le passé sans précaution. La couche étanche du gel coat a été enlevée. Non protégé, le polyester mis à nu se gorge d'eau. Seconde hypothèse, l'ennemi du plastique, l'osmose. La réaction chimique qui se déclenche dans les coques polyester génère un acide qui ronge le plastique et met à mal l'étanchéïté de la coque. Quelque soit la cause, il faut décaper la coque et reconstituer son étanchéïté.

Début Avril, je me suis mis au travail. Après avoir sur-élevé le bateau sur la remorque. j'ai gratté une grande partie de la coque pour retrouver le plastique sans trace d'antifouling.. Cela m'a pris beaucoup trop de temps et d'énergie. La semaine du Golfe approchait à grand pas et il devenait évident que si je continuais ainsi le bateau ne serait pas prêt pour ce rendez-vous à ne pas rater tous les deux ans sur le Golfe du Morbihan.

J'a donc fait appel à un professionnel qui pouvait se déplacer à mon domicile.. Pour un prix assez modique, en à peine une heure d'intervention, il a terminé la mise à nu de la coque de Plijadur.

Un conseil d'ami, si vous devez vous lancer dans ces travaux, faites intervenir tout de suite un pro pour un sablage très doux. Pour un DC20 (6.70m /2.25m), il vous en coûtera environ 400€ prix 2019. Le résultat est bluffant. La coque est parfaite et vous pouvez immédiatement y appliquer les couches d'époxy pour refaire l'étanchéïté.

La coque étant mise à nu, j'ai constaté des traces de petites cloques synonymes d'attaque d'osmose dans le passé du bateau. Mais la coque n'avait pas réellement souffert. Le plastique sous les marques était très solide. J'en ai conclu que mon DC20 d'origine Suisse, avait séjourné dans l'eau douce suffisamment longtemps pour déclencher le phénomène d'osmose. Ce phénomène est plus rapide en eau douce qu'en eau salée. Mais le mal était peu profond. ( Un propriétaire suisse m'a indiqué récemment qu'il avait utilisé de la choucroute polyester pour renforcer une petite zone fortement attaquée de sa coque et que tout était rentré dans l'ordre). Dans tous les cas, il faut supprimer toute trace d'acide, renforcer si nécessaire et reconstituer une parfaite étanchéîté de la coque.

J'ai inscrit directement sur la coque, le résultat des mesures d'humidité afin de disposer de points de comparaison. J'ai procédé à plusieurs mesures durant l'hiver. La coque ne sèche pas du tout durant cette période. C'est seulement aux beaux jours du printemps que le plastique séche, dehors en plein courant d'air sous l'action du vent tiède. Le sèchage est alors très rapide. En une semaine, c'est pratiquement fait, l'aiguille du testeur se positionne alors sur le vert. C'est miraculeux!

Lorsque votre coque est complètement sèche, vous pouvez passer votre époxy pour reconstituer son étanchéïté. (Attention, si vous intervenez trop tôt, vous allez enfermer l'humidité dans la coque, gare aux dégats !)

Le produit se passe un peu comme une peinture antifouling au petit rouleau à poils ras. Passez des couches fines pour ne pas créer de sur-épaisseur. Si vous constatez des petits défauts, ne tardez pas à les poncer délicatement. Si vous attendez trop longtemps, l'époxy durcit fortement. Le ponçage devient alors très difficile.

J'ai passé au total 4 couches de produit époxy en alternant les couleurs: vert, blanc, vert, blanc. Ainsi, il est très facile de vérifier son travail. Il suffit de lire la notice sur le pot pour connaître la durée de séchage requise entre deux couches. Il me paraît préférable d'enchaîner les couches. Une le matin, l'autre en fin d'après midi sur deux jours. Lorsque votre dernière couche est passée, respectez le temps de séchage complet de l'époxy. Le produit devient alors très très dur.

Il vous restera alors à faire votre anti-fouling en respectant les prescriptions indiquées.

Avec un recul de 5 ans, ma coque est toujours impécable.

Si vous devez traiter votre coque contre l'osmose ou reconstituer son étanchéîté, n'hésitez plus !

Alain